
Le calvaire
Dans nos régions, une simple croix en plein air commémorant la passion du Christ s’appelle un calvaire.
Ce calvaire est déjà signalé sur la carte Ferraris, levée en 1772 à Godinne. A cette époque, les terres de culture s’étendaient loin du cœur du village. La croix était dressée à la limite des champs, à la lisière du bois et au bord de la falaise qui surplombe la Meuse.
Elle se trouve aussi le long du sentier qui permet d’aller de Godinne à Fidevoye, un hameau d’Yvoir.
L’ancienne limite communale des villages de Godinne et Yvoir passait à cet endroit. De nos jours, la limite est toujours matérialisée par une borne calcaire.
On a parfois dit qu’il était possible que le calvaire ait remplacé un gibet.

Al Fau
Le nom même de la croix prête à discussion. Croix d’Al Fau, calvaire ou calvaire de Fidevoye?
Le léger antagonisme entre villages voisins se traduit dans ce cas par l’utilisation d’un nom différent pour la même chose. Les Yvoiriens l’appellent le «calvaire de Fidevoye» tandis que les Godinnois y vont de la «croix d’Al Fau». Sur la succession des cartes établies en Belgique depuis environ 170 ans, on retrouve les noms de lieux-dits, d’éléments du patrimoine… Ces noms évoluent pafois. Comme dans ce cas-ci. La croix d’Al Fau portait bien ce nom en 1850: croix d’Al Faulx. Elle était parfois désignée comme «chapelle» au XIXème siècle. Après et jusque sur la carte IGN de 2015, elle est reprise comme «calvaire». Le nom du lieu-dit, par contre, a changé en 2015: le «Rocher de Fidevoye» remplace l’ancienne appellation de «Rocher de Faulx/Fau». Dans les archives de Saint-Aubain, on précise qu’elle était parfois appelée «calvaire de Fidevoye» avant la première guerre mondiale. L’implantation dans les années soixantes d’une voierie et d’un quartier godinnois appelés «Croix d’Al Fau» permettra sûrement à ce nom-ci de se maintenir.
Mais quelle est la signification de «Al fau»? Tout simplement «au hêtre». Fou, en ancien français et ses dialectes, du latin fagus, hêtre. Le mot hêtre dérivant de hestrum, hestre, haistr, désignant un jeune tronc puis un jeune hêtre.
Histoire
En 1965, on décida de lotir le bois de la Croix d’Al Fau. Une servitude fut alors accordée par le propriétaire du terrain. On a ainsi pu conserver l’accès à son emplacement et cela explique la porte de la clôture. L’ancienne croix, fauchée durant une tempête en 1990 ou 1991, fut remplacée par la croix actuelle. En chêne, elle est marquée des initiales de l’échevin Marcel Constandt qui eut à cœur de préserver cet élément du petit patrimoine populaire.